Khalil Boubehi et la mise en lumière ”des problématiques des conflits sportifs au Maroc” à la lumière des grandes ambitions organisationnelles
Les conflits sportifs au Maroc ne se limitent plus à des désaccords sur les terrains, résolus par des décisions arbitrales ou des accords à l’amiable, mais sont devenus des affaires juridiques complexes pouvant aller jusqu’à la Cour d’arbitrage sportif internationale à Lausanne. Cette problématique soulève des questions fondamentales sur la préparation du système juridique sportif au Maroc, notamment dans le cadre de l’ambition du royaume de renforcer sa position en tant que destination sportive mondiale en accueillant de grands événements sportifs, tels que la Coupe d’Afrique des Nations 2025 et la Coupe du Monde 2030, organisée en partenariat avec l’Espagne et le Portugal.
Face à ces défis, l’étude du Dr Khalil Boubehi a émergé, où il a présenté sa thèse sur « Les conflits sportifs au Maroc – Le cas du football », offrant une analyse approfondie de ce phénomène et mettant en évidence ses risques pour le développement du sport national. Les clubs marocains sont parmi les plus présents à la Cour d’arbitrage sportif en raison de nombreux conflits avec leurs joueurs, notamment les étrangers, ce qui alourdit leur charge financière et affecte leur stabilité administrative et technique. Cette problématique risque de se complexifier avec l’augmentation des attentes et des engagements organisationnels que le Maroc cherche à atteindre, car un environnement sportif juridiquement instable pourrait entraver les efforts du Maroc pour offrir un modèle sportif intégré.
Une des solutions proposées par le chercheur est la mise en place d’un cadre légal pour créer un Conseil National du Sport en tant qu’institution consultative indépendante, visant à développer le sport à travers des études diagnostiques des points forts et faibles du sport national et à proposer les solutions appropriées, en plus de coordonner avec les différents secteurs gouvernementaux concernés afin de faire du sport un vecteur économique important pour le développement durable.
Boubehi a également insisté dans sa thèse sur l’importance d’intégrer les lois du sport dans les programmes universitaires au Maroc, afin de former une nouvelle génération d’avocats et d’experts capables de gérer les conflits sportifs selon des bases scientifiques et juridiques claires. L’absence de formation académique dans ce domaine fait que la résolution de ces conflits repose sur des efforts individuels, au lieu d’un cadre juridique unifié qui soutiendrait le développement du sport national.
Si le Maroc aspire à devenir un modèle mondial dans l’accueil des grands événements sportifs, il doit également développer son système juridique sportif pour accompagner ces ambitions. La réforme législative à elle seule ne suffit pas, il est également nécessaire de changer les mentalités au sein des clubs et des fédérations sportives, et de passer à une gestion professionnelle basée sur des contrats réfléchis et la transparence juridique. Alors que le royaume se dirige vers une nouvelle phase de défis sportifs internationaux, les conflits sportifs resteront un spectre menaçant la stabilité du football marocain, à moins que des réformes profondes ne soient mises en place pour garantir que les affaires sportives au Maroc soient réglées, et non à Lausanne.